Par un beau mercredi matin

Il était environ sept heures du matin. Penny, le sourire aux lèvres et l’air enjoué malgré l’heure matinale, sortait les derniers croissants au beurre du four. Elle avait toujours adoré ce moment de la journée : ses étagères pleines de pâtisseries et de viennoiseries dont les odeurs se mêlaient de façon si harmonieuse; le soleil levant montrant ses couleurs au monde pour la première fois aujourd’hui; les mélodies au piano de Rufus Wainwright résonnant dans toute la petite pâtisserie... C’était ces matins qui lui confirmaient qu’elle était chez-elle, ici.

Ça y était, une autre journée allait commencer. En se dirigeant vers la porte pour débloquer le loquet, elle jeta un regard autour d’elle. Les murs jaunes et bleus royal recouverts de posters de toutes sortes. Le loquet levé, elle retourna s’installer derrière son comptoir se demandant qui serait son premier client aujourd’hui.

À peine s’était-elle baissée derrière la caisse enregistreuse pour tenter de changer le papier du terminal de paiement qui la torturait mentalement, elle entendit la clochette de la porte résonner dans le magasin vide. Levant la tête rapidement elle accueillie le client :

-‘’Bonjour! Que puis-je vous servir ce matin?’’

Asya avait passé une nuit affreuse. Elle n'avait pas fermée l'oeil, ses doigts tapant frénétiquement son éditorial pour le prochain numéro de La Voix. Et il était médiocre. Elle savait qu'elle ne publierait jamais une telle stupidité et que sa principale occupation durant ses cours du matin se résumerait à recommencer ce qu'elle avait passé la nuit à faire. Peut-être aurait-elle été plus productive avec un peu moins de fatigue dans le corps... Hmm bha elle dormirait quand elle aurait cent ans.

Pour l'heure, il fallait se rendre au lycée. Son chemin habituel la mena devant la pâtisserie Abbey Road et elle fut encerclée par un fumet si délicieux qu'elle en pleura presque d'envie. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas grignoté un morceau, à bien y penser... L'odeur des viennoiseries fit gronder son estomac. Tant pis, elle entra dans le commerce, faisant teinter la clochette. Personne ne s'y trouvait encore, sauf la propriétaire.

- Salut Penny, soupira la journaliste. Je vais prendre un croissant à la pâte d'amande s'il te plaît...

Asya connaissait tout, tout le temps, partout. Elle savait précisément quand Penny Sutcliffe avait acheté cet établissement et quand elle avait ouvert une pâtisserie. Elle savait aussi que Penny ignorait fort probablement qui elle était, ce qui ne l'empêchait pas de la saluer par son nom. En fait, Asya se moquait de ce que les autres la connaisse, l'important, c'était qu'elle sache tout. Assise au comptoir, son croissant devant elle, elle se prit la tête entre les mains.

- Tu sais ce qui me torture? C'est comme si j'avais tous les détails en mains. C'est comme chercher la dernière pièce d'un casse-tête et se rendre compte ensuite qu'on avait toutes les pièces depuis longtemps et qu'on ignorait seulement comment les assembler...