Des souvenirs douloureux (Pv Elena)

" Je veux me marier avec vous. Je ne reculerai devant rien pour vous. Vous m’êtes destinée."

Alors qu’il courtisait la belle gitane, ses pupille, anciennement verdâtre, brillèrent d’un amour brûlant, Sa passion n’avait d’égal que son obstination à venir inlassablement, tous les jours, au repère des nomades assoiffés de liberté. Parfois, il lui offrait des fleurs, des pâtisseries ou des bijoux. La plupart du temps, elle les refusait, mais William feignait de les oublier et refusait de les reprendre. Il aimait cette femme, au point où le sommeil ne l’atteignait plus, au point où la vie n’aurait plus de sens sans son sourire radieux et ses jolis yeux noisette. D’ailleurs, c’est ce qui arriva…La perte de Mia l’avait affecté d’une façon irréparable. Son unique désir, suite à ce crime, c’était de la rejoindre. Peu importe où elle se trouvait. Parce que depuis ce tragique évènement, William n’avait plus la foi et doutait d’un quelconque paradis.

***

Ces douloureux souvenirs le poursuivaient encore, même après cinq cent vingt-huit ans. Debout devant une stèle fabriquée à la main, le vampire y déposa un bouquet de lys rose, parsemé d’iris blanc. Il avait fait cette pierre tombale au XVIe siècle, alors qu’il résidait en Italie, Depuis, lorsqu’il changeait de résidence ou de pays, il l’apportait dans ses bagages et s’acharnait à trouver un endroit parfait où elle puisse reposer. Il aimait bien venir se recueillir auprès d’elle. Ça l’apaisait autant que ça le peinait.

Quoiqu’il en soit, cela faisait plusieurs années qu’il résidait à Mist. Il connaissait l’existence d’une famille de vampire occupant le village, mais n’avait jamais essayé de leur parler. Il préférait demeurer seul, s’adonnant à un régime particulier depuis sa rencontre avec une famille végétarienne. Bien que cela fût difficile, il arrivait à se maîtriser, ne voulant point faire de peine à sa Mia, qui l’observait probablement dans son sommeil éternel. Par ailleurs, il aimait bien la tranquillité de cette ville. Ce soir, comme tous les soirs, il s’était arrêté au cimetière pour se détendre. Il alla s’étendre sous un arbre et ferma les yeux, sachant pertinemment qu’il ne pourrait plus jamais s’endormir…

La soirée était plutôt fraîche pour la saison mais cela n'incomodait pas vraiment Elana puisque, depuis qu'elle était devenue vampire, les caprices de la météo ne lui faisaient plus aucun effet. Elle portait cependant un châle noir par dessus sa robe, noire également, pour éviter d'éveiller les soupçons des habitats de Mist sur sa condition. Elle adorait se promener dans la quiétude du cimetière. Ce soir-là, elle avait commencé à composer une mélodie au violon mais, étant incapable de la terminer, elle s'était rendue au cimetière dans l'espoir que l'ambiance et la tranquilité de l'endroit l'aideraient à mieux se concentrer sur sa musique. Tout en fredonnant la mélodie à laquelle elle espérait trouver une fin, elle se promenait doucement entre les pierres tombales et s'imprégnait de l'athmosphère sereine qui emplissait ce lieux en cette fraîche soirée d'été. À cause d'un léger coup de vent, elle perçut l'odeur d'un autre vampire qui ne semblait pas très loin de l'endroit où elle se trouvait. Aussitôt, ses sens se mirent en alerte. Comme elle n'avait jamais senti cette odeur, elle ne pouvait savoir s'il s'agissait d'un ami ou d'un ennemi. Elle ne savait pas non plus si l'autre était au courant de sa présence. Elle entreprit de chercher l'origine de cette odeur. Il ne lui fallut pas très longtemps pour trouver où se trouvait l'autre vampire. Elle arriva près d'un très grand chêne. L'autre vampire était couché dessous. Il semblait dormir. Elana ignorait qui il était mais elle était déterminée à le savoir.
- Je ne t'ai jamais vu avant. Il y a longtemps que tu est ici?

La douce mélodie du silence s’estompa lorsqu’un autre vampire trouva refuge dans le cimetière. Bien qu’ils étaient à des kilomètres l’un de l’autre, William, qui se trouve être l’un des vampires les plus vieux de la région, avait ressentit sa présence au moment même où son pied avait effleuré la pelouse de la cathédrale. N’est-ce pas ironique? Que deux vampires recherchent la tranquillité et la paix dans un cimetière? Un endroit supposément sacré et religieux, interdit aux âmes damnées. On comprend parfaitement avec le temps que tout ceci n’est qu’une pure invention de l’homme. Il n’y a aucun paradis et aucun enfer. Il n’y a rien. Il est vrai que William ne possédait plus la foi et que l’idée de se retrouver dans la gueule de Satan ne l’effleurait guère. Quoiqu’il en soit, il semblait bien qu’il n’était pas le seul à apprécier ce genre d’endroit. Peut-être aurait-il la malchance de rencontrer quelqu’un ce soir. Bien qu’il soit solitaire de nature, il ne refusait toute communicabilité. C’est simplement qu’il n’avait pas envie de tomber sur un vampire de la famille centrale de Mist. Disons qu’il ne s’était jamais donné la peine de se présenter à eux…

Bref, ses pensées se confirmèrent quelques secondes après. Une ravissante jeune femme se trouvait devant lui, le questionnant sur des sujets vides de sens pour un vampire. Il ouvrit lentement les yeux et ses pupilles ambrées s’arrêtèrent sur l’instrument maudit. D’abord obstiné à le regarder, un grognement bestial envahit sa gorge. Puis, reprenant le contrôle de lui-même, il se redressa et épousseta ses vêtements.

"On ne vous apprend guère la politesse à ce que je vois. La moindre des choses lorsque l’on dérange quelqu’un, c’est de se présenter. En effet, vous ne m’avez jamais vu ici, car je ne suis pas très enclin à me promener dans vos rues. Je préfère demeurer en retrait. Mais, vous avez raison, cela fait très longtemps que j’habite Mist. Je dirais, une cinquantaine d’années, tout au plus."Dit-il poliment

Malgré la mode de l’époque, il avait toujours eut un attachement à l’intonation raffinée. Bien que cela le rattache à son douloureux passé, il n’arrivait pas à parler autrement. Sans quitter le violon des yeux, il se jura intérieurement de le réduire en charpies, si elle osait caresser ne serait-ce qu’une corde. Le visage imbibé d’une nostalgie mystérieuse, il ne sourit pas. Il avait perdu cette faculté depuis bien longtemps.

" J’imagine que nous sommes dans l’obligation de nous présenter. Je me nomme William Van Deroh et vous, mademoiselle?"Demanda-t-il

L'autre vampire ouvrit les yeux très lentement. Elana sentait bien qu'elle l'vait dérangé dans sa rêverie solitaire. Il la regarda de la tête aux pieds puis ses yeux s'arrêtèrent un instant sur son violon, qu'elle tenait à la main. Sans raisons apparentes, un grondement sourd monta de la gorge du vampire inconnu. Elana ne comprenait pas vraiment pourquoi l'autre réagissait ainsi à la vue de son instrument mais, avant qu'elle ait pu réagir à cette provoquation évidente, l'homme en face d'elle parut se ressaisir. Il se releva et, surment pour se donner une contenance, il épousseta ses vêtements.

-On ne vous apprend guère la politesse à ce que je vois. La moindre des choses lorsque l’on dérange quelqu’un, c’est de se présenter. En effet, vous ne m’avez jamais vu ici, car je ne suis pas très enclin à me promener dans vos rues. Je préfère demeurer en retrait. Mais, vous avez raison, cela fait très longtemps que j’habite Mist. Je dirais, une cinquantaine d’années, tout au plus.

Même si son ton était très poli, Elana fut surprise de sa remarque. Elle ne s'attendait certainement pas à ce qu'il dise vivre à Mist depuis une cinquantaine d'années et, encore moins à ce qu'il lui fasse une remanque sur son supposé manque de politesse. Pendant que l'autre parlait, ses yeuxx restaient obstinéments fixés sur le violon qu'Elana tenait toujours à la main. Elana était un peu mal à l'aise parce que, visiblement la vue de son instrument rappelait à son interlocuteur des souvenirs particulièrements douloureux. En effet, un air de mélancolie s'était dessiné sur son visage depuis le début de leur conversation.

- C'est drôle que vous me parliez de politesse, monsieur, pour ensuite me dire qu'il y a environ cinquante ans que vous habitez dans notre ville sans être venu vous présenter...

Elana se sentait un peu frustrée de la remarque du vampire. Non mais pour qui se prenait-il! Puis, il poursuivit sur le même ton de politesse rafinée:

- J’imagine que nous sommes dans l’obligation de nous présenter. Je me nomme William Van Deroh et vous, mademoiselle?

- En effet, je crois bien qu'il est nécessaire de nous présenter. Je m'appelle Elana Silverwood. Maintenant que je suis au courant de votre existence, vous comprendrez que je suis dans l'obligation de parler de vous au reste de ma famille...

En fait, Elana ignorait si les autres étaient au courant de l'existence de William. Ils avait aussi bien pu ne pas lui en parler étant donné qu'elle était arrivée bien longtemps après lui...

La lueur ambrée de ses prunelles vrillaient inlassablement l’instrument de bois lustré. Sa présence irritait profondément William, qui, avec le temps, avait apprit à maîtriser sa haine. Ce fut un combat long et pénible, qui s’étala sur plus de cinq siècles. Cependant, son dur labeur avait porté ses fruits. Il avait réussit à surmonter l’insurmontable. D’ailleurs, William avait été profondément étonné de voir disparaître ce courroux inépuisable. La seule raison pour laquelle il demeurait vivant, c’est parce qu’il ne voulait pas que le souvenir de Mia ne s’éteigne complètement. Dos à cette charmante demoiselle, il observa les diverses pierres tombales, l’avant-bras appuyé contre le tronc du grand chêne. D’un autre côté, peut-être souhait-il rester en vie, si l’on peut dire cela ainsi, pour être punit? Oui. Vivre éternellement, avec ce douloureux souvenir, c’était sa punition pour ne pas l’avoir empêché. Il soupira longuement.

"Pardonnez-moi, j’avoue manquer de courtoisie. Mais, l’objet que vous…que vous avez entre vos mains…Pourriez-vous le faire disparaître? Du moins, le temps que nous terminions cette conversation."Demanda-t-il poliment

William essayait d’être moins brusque et de se comporter d’une façon un peu plus convenable envers cette jeune suceuse de sang. Il savait que son esprit se calmerait si elle faisait disparaître cet objet maudit. Il passa une main dans ses cheveux blonds et se retourna vers elle, l’air un peu déçu qu’’il s’agisse d’une Silverwood. Du coup, sa réplique lui retomba sur le nez. Le vampire retourna s’asseoir et croisa les bras.

"Voyez-vous, j’avais besoin d’un peu de paix. Je désirais être déconnecté de notre monde sanguinaire. De plus, je ne suis pas certain que vôtre famille aurait quelconque bonheur d’apprendre qu’un vieux vampire rôde dans vôtre ville. Ne vous inquiétez pas, je possède un régime très stricte depuis quelques temps, et donc, je ne vous volerez aucunement votre bétail. "Dit-il simplement

Ses prunelles ambrées se posèrent lentement sur Elena. Mise à part son teint blafard, la jeune Silverwood ressemblait un peu à sa douce Mia. Il se racla inutilement la gorge, histoire de faire disparaître son malaise et changea de sujet.

"Vous me semblez nouvelle dans notre monde. Quel âge avez-vous? Êtes-vous heureuse d’être devenue ce que vous êtes?"Demanda-t-il curieux, son regard toujours mystérieusement éteint

Les yeux de William restaient obstinément fixés sur le violon qu'elle tenait toujours dans sa main. On aurait pu croire qu'il voulait le détruire rien qu'en le regardant. Elle fut tout de même abasourdie lorsqu'il lui demanda, très poliment, si elle pouvait mettre l'instrument hors de sa vue pendant qu'ils parlaient ensembles. En lui disant cela, il lui tourna le dos. Heureusemnet car suite à cette demande, l'expression faciale d'Elana n'avait rien de la politesse qu'elle s'efforçait d'afficher depuis le début de leur conversation. Elle se ressaisit rapitement mais elle n'arrivait pas plus à comprendre pourquoi il ne pouvait supporter de voir son instrument. Il se refusait même à prononcer le nom de l'objet. D'une voix mal assurée, elle répondit:

-Euh... Bien sur, si cela vous met mal à l'aise, je peux le déposer derrière une pierre tombale...

Justement, une grande pierre tombale de marbre noir s'élevait à quelques mètres derrière la Silverwood. Elle y placa le violon sur son châle, de peur que l'instrument ne prenne l'humidité sur le gazon humide du cimetière. Lorsqu'elle eut fini, William se retourna pour lui faire face. En se passant la main dans les cheveux d'un air désinvolte, le jeune homme retourna s'assoir sous le chêne. Il paraîssait s'être ressaisit. Elana ignorait pourquoi il avait une telle attitude vis-à-vis du violon. Comme il ne pouvait pas en vouloir à l'objet en lui même, il devait certainement lui rappeler des souvenirs douloureux de sa première vie. Elana se promit que, si l'occasion se présentait, elle tenterait d'en savoir plus même si elle ne voulait pas brusquer le vampire.

"Voyez-vous, j’avais besoin d’un peu de paix. Je désirais être déconnecté de notre monde sanguinaire. De plus, je ne suis pas certain que vôtre famille aurait quelconque bonheur d’apprendre qu’un vieux vampire rôde dans vôtre ville. Ne vous inquiétez pas, je possède un régime très stricte depuis quelques temps, et donc, je ne vous volerez aucunement votre bétail. " dit l'autre vampire. Manifestement, il désirait oublier l'épisode du violon.

- Je n'ai aucun doute que ce n'est certainement pas vous qui nous causerai du trouble à Mist. Si vous avez réussi à vivre ici cinquante ans sans que ma famille ne s'en rende compte, je suis consciente que vos habitudes ne mettent pas le secret de notre existance en danger. Je suis cependant obligée d'en parler à ma famille puisque maintenant je suis au courant de votre existance. Je crois toutefois que cela n'entraînera pas vraiment de changements pour vous. dit-elle d'une voix douce.

Pour la première fois de leur entretient, les yeux de William s'attardèrent sur elle. Il la regardait des pieds à la tête mais cela ne la mettait pas mal à l'aise. Se raclant la gorge, surment pour se donner une contenance, il lui posa des question sur sa vie de vampire, probablement pour changer de sujet.

-En fait il y a à peine quinze ans que je suis vampire. J'ai été transformée à 18 ans. Et oui, je suis plutôt satisfaite de ma condition. À dire vrai, je préfère, et de loin, ma vie de vampire à celle d'humaine. J'adore ma nouvelle famille et mon nouveau pays. J'ai parfois l'impression d'être née pour être un vampire... Vous, cependant, paraissez être vampire depuis plusieurs années. Je me trompe?

Le vent sifflotait aux oreilles du blond, tandis que le jeune vampire déposait son violon contre une stèle. William n’espérait pas un traitement de faveur et avait parfaitement conscience qu’Elena parlerait au reste des Silverwood. Puisque les évènements se chamboulaient de cette manière, il s’en accommoderait! De toute façon, il n’était pas une menace pour la tranquillité de Mist. La jeune femme elle-même le lui avait confirmé. L’instrument en bois hors de porté, le vieux vampire semblait retrouver son calme et sa sérénité. Bien entendu, il en profita pour changer de sujet et questionner la jeune femme sur son présent état de buveuse de sang. Lorsqu’elle mentionna son âge au moment de sa transformation, le visage de William se crispa de désolation. Toutefois, il paraissait déboussolé de voir qu’elle aimait sa nouvelle nature. Comment pourrait-on apprécier de survivre en tuant ses semblables? Bien sûr, William était loin d’être une âme pure, mais à présent, il était végétarien et possédait un très grand respect pour ceux qui partageait son régime. Quoiqu’il en soit, il eut un rictus sec.

"Je pense qu’il y a une raison à notre état. Il n’y a aucune coïncidence, tout n’est que fatalité. Je désirais en finir avec la vie, et voilà qu’on m’y piège pour l’éternité. Comment dit-on : la vie est injuste? Quoiqu’il en soit, le trois mai prochain, j’aurai cinq cent vingt-neuf ans. En effet, j’erre dans ce monde depuis un bout de temps… "Dit-il

William ne dépassait pas la grande famille des Volturi en âge, mais il s’en approchait tranquillement. Par ailleurs, il préférait ne pas s’approcher des trois dirigeants, puisqu’il n’aimait pas leur mode de vie. Bref, il ne comprenait pas très bien l’attirance qu’elle nourrissait pour cette vie. Bien qu’il se posait la question, il ne lui demanda rien. C’était sa façon de voir son monde et il respectait cela.

"C’est une situation inhabituel pour moi. À l’ordinaire, je ne parle pas beaucoup avec des inconnus, qu’ils soient humains ou vampires. Pour être sincère, je parle très peu en général."Dit-il impressionné par leur longue conversation

Elana constata le changement d'attitude qui s'était opéré chez l'autre vampire depuis qu'elle avait rangé son violon. Il paraissait plus détendu et plus serein. Il dégageait malgré tout un aura de tristesse mystérieuse qui envahissait Elana lorsqu'elle le regardait. Ce vampire avait du vivre des choses horribles durant sa première vie... Pour changer de sujet, il posa à la jeune femme des questions sur sa vie de vampire. Lorsqu'elle lui répondit qu'elle adorait sa nouvelle condition, elle vit bien que son interlocuteur la désapprouvait. Lui-même ne semblait pas tellement apprécier son état présent.

"Je pense qu’il y a une raison à notre état. Il n’y a aucune coïncidence, tout n’est que fatalité. Je désirais en finir avec la vie, et voilà qu’on m’y piège pour l’éternité. Comment dit-on : la vie est injuste? Quoiqu’il en soit, le trois mai prochain, j’aurai cinq cent vingt-neuf ans. En effet, j’erre dans ce monde depuis un bout de temps… " dit tristement William.

- En effet, vous êtes mon aîné de plusieurs années... Moi aussi j'ai voulu en finnir avec la vie. J'ai tellement désiré, dans ma vie humaine, m'endormir et ne plus jamais me réveiller! Mais, depuis ma "renaissance", toute les zones sombres qui envahissaient mon âme lorsque j'était humaine sont disparues. Je suis infiniment plus heureuse ainsi. Je vois bien que vous trouvez cela étrange mais je crois que si l'on m'en donnait le choix, je ne reviendrait pas en arrière. Vous appelez cela la fatalité et moi, le destin.

ces derniers mots, Elana les dit avec un léger sourire. Elle savait que l'autre ne l'approuverait certainement pas. Cependant, malgré le fait qu'il ne semblait pas comprendre son attirance pour l'existance en tant que vampire, elle sentait que William respectait son point de vue et qu'il ne la jugeait pas.

"C’est une situation inhabituel pour moi. À l’ordinaire, je ne parle pas beaucoup avec des inconnus, qu’ils soient humains ou vampires. Pour être sincère, je parle très peu en général."dit William.

-Vous me semblez en effet quelqu'un de plutôt discret. En cela nous sommes manifestement différents puisque je suis quelqu'un qui adore avoir de la compagnie. Je trouve le contact avec mes semblables en général enrichissant.

William éprouvait toujours beaucoup de curiosité envers ces vampires « amoureux » de leur nouvelle vie. Le prix pour l’éternité n’était-il pas horrible ou trop élevé? Sacrifier des âmes innocentes, pour une existence qui se dessèche au fil des centenaires. Évidemment, malgré le nombre important de carnivores, il existait des familles ou des individus végétariens. Cependant, il n’y en avait pas assez pour prétendre que les vampires ne sont pas uniquement des créatures sanguinaires et dépourvus de toute humanité. D’ailleurs, l’ancien Parisien se voyait dégoûté à l’idée qu’on prenne plaisir à charcuter et à vider de pauvres vies sans défenses. Quoiqu’il en soit, les pupilles mielleuses du vampire se posèrent intensément sur la demoiselle. À une époque, dans sa vie d’humaine, elle avait désirée rejoindre le monde spirituel? Pourquoi est-ce qu’une jolie jeune fille aurait voulu s’offrir à la faucheuse? Il ne posa point cette question, conscient qu’il y a des souvenirs que l’on veut garder pour soi. Il eut un petit sourire sarcastique et reporta son attention sur la brume limpide du cimetière.

« Dans ce cas, vous êtes bien chanceuse. Pour ma part, je crois que je retournerais en arrière…suffisamment…ou….Bien entendu, il n’est pas exclu qu’un vampire meurt. Pour cela, vous n’avez qu’à enfreindre une loi des Volturi et votre souhait sera exaucé! J’y aie songé...longtemps…Mais, quelque chose m’en empêche…Quoiqu’il en soit, je suis bien heureux de constater que certains d’entre nous trouvent ce qu’ils n’ont jamais eut la chance d’avoir en étant humain!»Dit-il mystérieusement

Elana Silverwood souriait candidement avec la beauté d’un ange, et bientôt, un épais nuage s’imposa devant la lune, donnant l’impression que sa peau arborait une couleur mulâtre. Les lèvres entrouvertes, le vampire se redressa et s’éleva élégamment du sol. Il observa longuement la jeune femme avant de poser les yeux sur la stèle de marbre noire.

« …Mia… »Murmura-t-il faiblement, donnant l’impression de se trouver en transe

Dans son cœur poussiéreux, il crut sentir un battement frénétique. Toutefois, le nuage continua son chemin et la lumière caressa à nouveau la peau blanchâtre d’Elana. Aussitôt, la vision de sa gitane adorée s’effaça, une déception poignante et une souffrance indescriptible recouvrant les traits de son visage. Il déposa une main contre sa poitrine, l’air un peu troublé et posa l’autre sur la stèle.

«Pardon... Je dois…Je dois partir…Veuillez…Veuillez m’excuser mademoiselle Elana… »Balbutia-t-il confus

William s’élança dans le cimetière avec rapidité et ne se retourna point. Il n’aimait pas cela. Pourquoi ressemblait-elle à Mia? Bien qu’il y ait beaucoup de différences, quelque chose de familier l’imprégnait. Une réincarnation? Non. Cela était impossible. La réincarnation n’était qu’une croyance et rien de plus. À présent très loin, William avait abandonné l’autre vampire devant la stèle. Une inscription était gravée sur celle-ci :

Mia Van Deroh
1485-1503
Fiancée de William Van Deroh
Brûlée au bûcher.
Lorsqu’il a connu l’amour, le cœur n’est plus qu’un abîme de souffrances.

William semblait avoir beaucoup de difficulté à concevoir le fait qu'Elana était parfaitement heureuse dans sa nouvelle vie. Ils étaient d'ailleurs plusieurs à ne pas partager la vision utopique de la vie vampirique d'Elana. En parfait gentleman, cependant, il ne lui posa pas de questions sur ce qui l'avait amené à désirer la mort dans son ancienne vie ce qu'elle apprécia beaucoup. Plusieurs jugeaient assez durement le fait qu'elle avait voulu s'enlever la vie. Cependant, son interlocuteur semblait comprendre jusqu'à un certain point son désir d'en finnir car lui-même paraissait avoir examiné cette option au commencement de sa vie de vampire. Par délicatesse, Elana ne s'aventura pas plus loin sur ce sujet même si elle brûlait d'envie d'en savoir plus.

Malgré son air de profonde tristesse qui assombrissait ses traits, Elana songea que William était et avait du être un très bel homme. Ses yeux, d'une belle couleur d'ambre, reflétaient un abîme de souffrance passée. Elana est était là dans ses réflexions sur le physique de William lorsqu'un nuage passa devant la lune. Il se passa alors une scène particulièrement étrange.

L'expression de William changea. Il semblait avoir vu un fantôme. Dans un murmure inaudible pour un humain, il murmura un prénom. Le prénom d'une femme. Mia. Mais qui était-elle? Elana était sans voix. Il semblait voir en elle les vestiges d'une femme qu'il avait connue. Une ancienne flamme? Avant qu'Elana ait pu ouvrir la bouche, le nuage était passé. Les traits de William se déformèrent alors en une expression de déception et de tristesse d'une ampleur qu'Elana n'avait jamais vu chez personne d'autre. Déposant une main là où aurait dû se trouver son coeur, il béguaya des excuses et partit aussi vite que le pouvait un vampire, laissant Elana figée d'étonnement.

Elle s'approcha alors de la pierre tombale devant laquelle Willliam se recueillait avant qu'elle n'arrive. Ce qu'elle y lut l'aida à comprendre ce qui venait de se passer. En partie. La tristesse qu'elle voyait dans ses yeux venait de la perte de sa fiancée des années auparavant. La jeune femme se demanda alors si elle reverrait un jour William. Elle en doutait fort... Après ce soir là, il chercherait surement à l'éviter, ce qu'elle trouvait dommage. Elle désirait tellement percer le mystère de cet homme!